5.10.2012

Vivre longtemps et en bonne santé, un défi pour l’Europe


Source : La croix 

Des chiffres sur l’espérance de vie en bonne santé montrent de grandes disparités parmi les Vingt-Sept.
Les écarts de richesse entre les pays ainsi que les différences des systèmes de santé expliquent...
(DAMIEN MEYER / AFP)

Les écarts de richesse entre les pays ainsi que les différences des systèmes de santé expliquent les disparités européennes.

Les pays où l’on vit le plus longtemps ne sont pas toujours ceux où l’on vit le mieux.

Où, en Europe, vit-on le mieux et le plus longtemps ? Les deux ne vont pas toujours de pair, comme le montre l’enquête sur « l’espérance de vie en bonne santé » présentée jeudi 19 avril à Paris par l’ Institut national d’études démographiques (Ined). Coordonnée par la Commission européenne et réalisée chaque année depuis 2005, celle-ci indique, pour chacun des 27 pays de l’Union européenne (UE), jusqu’à quel âge chacun  peut, en moyenne, escompter mener des activités quotidiennes – se déplacer, se nourrir, lire… – en toute autonomie.


C’est « l’espérance de vie sans incapacité », conçue dans les années 1980 pour compléter la gamme des indicateurs de santé qui, à l’époque, se cantonnaient à l’espérance de vie et aux taux de prévalence de certaines maladies (grippe, cancer…). S’étant fixé pour objectif d’augmenter de deux ans, d’ici à 2020, le nombre d’années vécues « sans incapacité » par ses citoyens, l’UE a particulièrement recours à cette donnée. Elle permet tout à la fois d’apprécier la qualité de vie, le niveau de dépendance des personnes âgées et l’état du système de santé. Mais, basée sur les déclarations des Européens interrogés, elle dépend de la perception qu’ils ont de leur propre santé.

Le paysage européen reste très contrasté. Un écart de plus de dix-huit ans sépare les femmes slovaques et maltaises : les premières ont peu de chances de jouir pleinement de leurs capacités physiques au-delà de 52,6 ans, quand les secondes peuvent espérer marcher, entendre ou lire en toute autonomie jusqu’à 71 ans.

Chez les hommes, une distance quasiment équivalente sépare les Slovaques, en dernière position, des Suédois, en tête. Ceux-ci détiennent un autre record en Europe : l’espérance de vie la plus longue, de 79,4 ans (pour une moyenne européenne de 76,7 ans).

27 scénarios possibles

 « Nos 27 pays illustrent 27 scénarios possibles »,  commente Jean-Marie Robine, démographe et directeur de recherche à l’ Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Rien ne permet en effet de conclure que là où l’espérance de vie est élevée, celle de vivre en bonne santé l’est aussi.

La Bulgarie en apporte la preuve. S’élevant à 77,4 ans, l’espérance de vie féminine y est la plus faible de l’UE. Mais les femmes bulgares vivent plus longtemps en bonne santé (65,9 ans) que leurs congénères danoises (60,3 ans), portugaises (56,2 ans) et européennes en général (la moyenne s’élève à 62 ans). En comparaison de leur espérance de vie, elles sont même les Européennes qui déclarent passer la plus grande partie de leur existence en bonne santé.
Les citoyennes espagnoles offrent un autre cas de figure. Elles peuvent espérer atteindre l’âge de 84,9 ans et dépasser ainsi la moyenne européenne (82,6 ans). Mais pour se déplacer, préparer un repas ou se laver, elles auront besoin d’une assistance plus tôt que les Irlandaises, les Belges ou les Polonaises, qui vivent cependant moins longtemps.

Disparités

Pour Jean-Marie Robine, les différences culturelles expliquent ces apparents paradoxes : « La prise en charge des personnes âgées par des familles trop aimantes a tendance à générer de la dépendance »,  avance-t-il, en référence aux pays méditerranéens, dont l’Espagne, où l’hébergement des seniors chez un membre de la famille est une pratique courante. « Inversement, bien vieillir en Suède, c’est rester actif et autonome »,  poursuit le démographe.

La France se situe entre ces deux cas de figure. Les femmes y bénéficient de l’espérance de vie la plus élevée de l’UE (85 ans). En revanche, les ressortissantes de neuf pays (notamment les Grecques, les Lituaniennes et les Chypriotes) vivent plus longtemps qu’elles « en bonne santé ». Moins prononcé, l’écart est également valable pour les hommes : de 78 ans, l’espérance de vie des Français est au 8e  rang européen tandis que celle de vivre en bonne santé est au 11e  rang.

Les écarts de richesse entre les pays ainsi que les différences des systèmes de santé expliquent les disparités européennes. Celles-ci ne sont cependant pas figées. Les Lituaniens ont ainsi vu leur espérance de vie en bonne santé passer de 51,2 ans en 2005 à 57,3 ans en 2010. Et depuis 2008, c’est dans ce pays qu’elle a le plus augmenté. La rapidité de la progression vaut aussi pour les Lituaniennes, qui peuvent nourrir l’espoir de mener une existence autonome jusqu’à 61,1 ans (contre 54,3 ans en 2005).

La tendance générale est à l’amélioration. Tous pays de l’Union confondus, l’espérance de vivre en bonne santé est passée de 59,51 ans à 61,3 ans pour les hommes et de 60,7 ans à 62 ans pour les femmes entre 2005 et 2009.

MARIANNE MEUNIER

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